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LA CONJURATION D'UNE IMBECILE
14 septembre 2009

Caro diario

FEISTTTT

Mon mec me dit toujours que je suis l'antithèse de la nostalgie. Et pourtant ce soir, je me suis retournée. Comme si c'était la première fois.. ben voyons....n'importe quoi. Mais soit, laissons le croire que je suis résolument tournée vers l'avenir, rien que l'avenir. C'est pas comme si j'étais complexe non plus.

Ce soir, je ne suis pas dans ma chambre chez maman. J'ai tourné les aiguilles à l'envers, on est de nouveau au printemps. A Rome, le temps est splendide en cet après-midi du mois de Mai. Je rentre de la fac à pieds en respirant les odeurs que dégagent les arbres qui bordent mes rues. Cette lumière me ravit toujours, bientôt quatre mois qu'elle m'éclaire et je suis toujours surprise par sa force. Je sors du cours du beau Miodrag, un ancien ministre du Montenegro qui aurait tout aussi bien pu être le prince déchu d'un royaume imaginaire. Je revois ses mains, ses longs doigts qui tenaient la monture de ses lunettes tandis qu'il nous expliquait comment être un bon diplomate. Quel bonheur d'écouter quelque chose de totalement inutile du point de vue de mon école et de ma carrière. Pour une fois, j'aimais être une intruse, j'étais légitime. Miodrag, je vous trouvais si beau, tellement intéressant, presque irréel, comme ces mois passés là-bas qui me semblent déjà si loin. Aux antipodes de ces professeurs de mon pays ne jurant que par l'entreprise, le résumé et puis quoi, le vent au final. D'eux, je n'ai rien retenu qui me semble essentiel. J'ai compris ce qu'étaient les gens gris comme tu dis si bien, c'est tout. De vous, de monsieur F., un français venu prêter renfort, de messieurs S. et D, tant de choses, si vous saviez. Je ne vous promets pas de retenir l'histoire du Kosovo, ni le business plan de Mediaset, mais j'essaierai tant que possible de garder vos visages, vos rires, et vos conseils dans ma mémoire. Après plus d'un an « dans le monde de l'entreprise » je venais retrouver les bancs de votre école à reculons, mais j'ai redécouvert le plaisir d'être là pour écouter quelqu'un, de le trouver plus passionnant qu'une fenêtre ouverte sur le jardin. J'ai retrouvé l'excitation des révisions, j'ai toujours aimé ça, ces soirées passées enfermée à apprendre ces dates et ces formules, ponctuées de tasses de thés et de paquets de cigarettes consommés sans modération. Le soulagement en se jetant dans son lit, épuisée mais fière d'avoir fini ce dernier chapitre. Se sentir progresser, aller plus vite, se souvenir de tout au moment d'expliquer à celui qui n'a rien foutu mais qui y va freestyle, tu vois. Et puis l'attente dans le couloir, et ces vingt minutes qui semblent n'être que quelques secondes. Ces j'aurais du parler de ça, je sais pas du tout ce que ça va donner mais bon c'est fini c'est l'essentiel. Ma vie d'étudiante s'est terminée là. Et je vous en suis infiniment reconnaissante. Dire que j'ai pleuré quand j'ai su que j'allais à Rome. Franchement pas ingrate, elle m'a juste prouvé à quel point j'avais tort. Je repense à tous ces étudiants croisés au café et à ces échanges furtifs, ces paroles toujours bienveillantes. Je repense à toi, sale gosse épris de liberté un peu trompeuse, qui m'a rendu ces quelques jours passés à l'hôpital plus agréables. Je repense à cet anglais qui m'a fait rêver le temps d'une sortie de boîte, une vie qui n'était pas la mienne. Et à son ami suédois qui s'il n'était pas mannequin aurait vraiment dû l'être pour qu'on puisse l'admirer à nouveau quelque part où il ne sera pas. Je repense à toi aussi, beau garçon franchement bizarre qui m'a fait perdre des heures en face d'une fontaine. Je ne saurai jamais qui tu es, et au fond c'est peut-être mieux que tu gardes un intérêt que tu ne dois aujourd'hui qu'à ton mystère. Et puis surtout, je repense à vous, ni souvenirs, ni chimères. Toi, avec qui j'ai vécu pendant ces quelques mois. Mon petit hollandais, j'aimerais tant que tu puisses lire ces quelques lignes qui te racontent pour que tu saches à quel point je te veux du bien, comme on dit à Roma. Un amour de colocataire comme lui, c'est pas tous les jours que ça vous tombe dessus. Je ne vais pas décliner ici toutes les qualités qui sont les siennes. Je suis juste heureuse d'avoir côtoyé un garçon comme lui. D'avoir découvert cette île fascinante avec lui et tant d'autres endroits. Une gentillesse comme ça, on croit que ça existe seulement dans la famille de Charles Ingalls mais non, en Hollande aussi. Et en plus il est drôle, mignon et célibataire. Si j'étais une blogueuse influente, je te caserais direct, dutchboy. Même toi, qui a un peu trahi ce que je pensais de toi, sans peut-être me trahir vraiment moi. A ces moments qu'on a vécus qui restent beaux malgré tout. A cet après-midi à la plage où l'on s'est racontées nos vie. A toi l'ami allemand et à ton thé au gingembre qui réchauffa nos nuits. A toi sa compatriote qui me fit découvrir ces bd italiennes qui m'accompagnèrent dans mes trajets quotidiens. A vous mes petits français, à vos sourires, à vos délires, à nos retrouvailles, bientôt. Enfin à toi, ma ville. Je peux t'appeler comme ça tu veux bien? Si j'ai déjà pleuré rien qu'en te traversant un matin à l'aube, je peux bien dire qu'on est un peu intimes toutes les deux non? A ce merveilleux concert, mon dernier souvenir de toi, dans un parc, la nuit, avec Ludovico Einaudi au piano, c'était un aurevoir, à forte teneur émotionnelle. A tous, merci. Je repense à tout, les larmes aux yeux, pas de regrets, ni de manque, mais du bonheur, d'avoir été là à ce moment de ma vie. Et surtout de n'avoir pas attendu ce soir pour savoir que j'étais bien, sacrément bien.

Maintenant comme je ne suis pas nostalgique ni résolument tournée vers l'avenir mais pleine de surprises, je sais aussi vivre au présent et ce soir j'écris ici que je t'aime, qu'on ne sait pas si c'est pour toujours mais que j'ai envie d'essayer, parce qu'avec toi la vie c'est comme en Italie, sauf qu'on sera deux avec ces souvenirs des temps heureux.

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Commentaires
L
Moi, mon livre préféré, c'est le blog de Caro.<br /> C'est un peu long, ça fait 7 ans que je le lis, mais chaque nouvelle page est une claque, d'émotions, de rire, d'esthétisme.<br /> Et toi, t'es un peu ce que les bonnes séries sont au cinéma. Y'a plus de temps pour s'attacher aux personnages et approfondir, diversifier les points de vue et les styles...<br /> Mais quand la fin arrive, comme avant de finir un bouquin sublime, on a vraiment pas envie d'abandonner cette histoire qui est devenue un peu notre.<br /> J'espère que tu continueras à écrire encore bien longtemps ma grande.<br /> I miss you.<br /> <br /> Lea
F
"Enfin à toi, ma ville, je peux t'appeler comme ça tu veux bien? Si j'ai déjà pleuré rien qu'en te traversant un matin à l'aube, je peux bien dire qu'on est un peu intimes toutes les deux non? "<br /> <br /> <br /> ......<br /> un jour, comme francesco zardo, je te citerai aussi, j'en suis sure...
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