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LA CONJURATION D'UNE IMBECILE
5 décembre 2008

Un blog de la relance, tiens

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Voici le mail que j'ai envoyé à une amie en milieu d'après-midi...

Définition du jour: Une belle journée de merde.

On entend souvent les gens le dire à tort et à travers mais qu'est ce qui différencie vraiment une journée de merde d'une belle journée de merde?

Est-ce que c'est par exemple arrêter la pilule pour voir si l'on maigrit et en plus de ne pas maigrir avoir des règles hémorragiques qui te forcent à aller te changer toutes les heures au risque que les personnes ayant leurs bureaux en face des chiottes croient que tu as des petits problèmes gastriques...?

Est-ce ce que c'est acheter des chaussures chez les chinois pour économiser et te retrouver avec des palmes en arrivant au bureau après avoir cavallé sous une pluie battante pour ne pas être en retard?  Est-ce que c'est regarder tes semelles en t'apercevant qu'elles sont sciées net au milieu et que tu marches à même le sol...?

Tu pensais t'être débarassée du rhume et c'est la pneumonie qui t'attend...

Est-ce ça ne tient pas plutôt du fait d'appeler ton auto-école, ferme et sûre de toi, pour poser une date de permis et de t'entendre dire que "non tu n'es pas prête au bout de 60 heures"...que "tu peux quand même y aller mais que tu dois signer une décharge stipulant que tu y vas contre l'avis de tes moniteurs et qu'en cas d'échec ils ne te reprendront plus..."

C'est peut-être aussi sentir les larmes monter et courir dans les toilettes pour chialer comme une merde et croiser au passage la moitié de la boîte qui te regarde d'un air attristé...

La journée avait donc bien mal commencé...

Certains se seraient couchés et auraient rêvé d'un lendemain meilleur. Mais pas moi. Ma curiosité me poussait à voir la suite...                                                                                                                                                      

Une feuille morte aurait pu me faire trébucher et j'aurais fait un vol plané comme tous les soirs en rentrant chez moi sauf que là peut-être qu'un beau mec passant par là m'aurait rattrapée au vol etc etc...enfin bref je cherchais mon oasis au milieu de ce désert de souffrance...car l'espoir guidait toujours mes pas. Je ne saurais pas dire pourquoi j'ai alors eu cette idée suicidaire...regarder mon compte en banque en rentrant chez moi. Sachant que je n'avais toujours pas été payée. Et là, mon oasis, mon eldorado, mon nirvana, mes 5 euros retrouvés dans un manteau qu'on avait plus mis depuis longtemps, le solde est positif! je n'ose y croire! et puis je vois ce don de l'état, la merveilleuse, la généreuse, celle qu'on attendait plus, la c.a.f. Qui se décice à corriger la méprise dont je fus victime l'an dernier. Qui me voit enfin telle que je suis vraiment, une boursière! Et me voilà créditée de plusieurs centaines d'euros sur mon compte aride

Comme je ne suis que bonté, je pense tout de suite, "oh super je vais pouvoir faire des cadeaux à la famille" (ma mère ne lit même pas mon blog). Et puis m'acheter un manteau, aller me faire masser, me couper les cheveux et m'inscrire au sport....Et puis là je retombe, non non cet argent va me servir à reprendre des heures de conduite et basta. Moralement, c'est pire que de payer un loyer dans le genre mais ciel où va mon argent. On n'utilise pas assez cette expression. En même temps sans mari c'est tout de suite plus fade.

Bref, je n'ai pas encore décidé de ce que je ferai de cet argent. Je n'ai peut-être pas envie d'être raisonnable pour une fois, mais juste de retrouver le moral. Et consommer du concret, du palpable, ça aide. Qu'est ce qui me rendra plus heureuse? Avoir un permis mais pas de voiture ou bien être mince, bien coiffée, bien mantonnée et avec un dos en place? Hein? Le choix est vite fait. Je fais les deux, et tant pis si mon banquier me rappelle bientôt, ce con n'appelle jamais en privé, j'aurais qu'à pas répondre.

Donc voilà, je suis peut-être bassement matérialiste mais ça m'a redonné du baume au coeur cette somme que je n'espérais plus.

Une fois remise de mes émotions, je me suis dit qu'il me fallait une gauffre. Et le truc complétement dingue... il y'en avait une en face de moi!  Je l'ai mangée en me disant que bien entendu, je ne mangerai pas le soir. Sauf quelques feuilles de salade pour la forme. Mais le truc c'est qu'il était 18h30.  Et c'est traître d'être chez soi à cette heure-ci, vous le savez. Forcément, vous repassez au moins une fois par la cuisine avant d'aller vous coucher. Et quand votre coloc ouvre le frigo pour se faire à manger, vous croyez voir un paquet de gnocchi qui vous appartient là-bas au fond. Oh, votre vue est si bonne que vous arrivez à déchiffrer une date de péremption imminente. Et vous n'aimez pas jeter, ça non. Alors bon peut-être qu'en mangeant un peu de salade à côté ça ne ferait pas trop de mal hein? A ce moment là, vous avez déjà refoulé le souvenir des deux gauffres baffrées ce matin et du schweppes agrumes du midi "parce que vous aviez la gorge sèche"...Seul compte le non gaspillage.

Et puis merde faut se faire plaisir. Votre coloc mange des pâtes elle aussi, et quand vous vous apprêtez à remarquer à voix haute "oh t'en manges pas beaucoup dis donc" elle vous devance et dis "et merde je sais pas doser j'en fais toujours trop". Vous en déduisez que vous vous faites habituellement des doses d'ogre, mais en fait vous le saviez déjà. Ca se voit sur les photos...Et puis merde (bis), vous ne serez jamais une fille sérieuse qui fait attention à sa ligne. Déjà vous n'avez pas bu depuis ce week-end et vous tenez à deux clopes par jour. Avec des règles hémorragiques. Et héroique comme vous savez l'être, vous n'êtes pas spécialement plus désagréable que d'habitude. Ca vaut bien des gnocchi ou pas?

La bourse et la panse bien remplies, je m'apprête à me faire un autre petit plaisir. Mes épisodes de Clara Sheller (saison 1!) sont téléchargés, je me cale sur mon stepper (le souvenir des gnocchi est encore trop présent) et lance le premier épisode. Le son de Mirwais me ferait presque oublier la journée merdique que je viens de passer. Le sourire de Mélanie Doutey me rend définitivement amnésique.

Clara Sheller, c'est le premier truc que j'ai vu à la télé quand je suis arrivée à Paris il y a un peu plus d'un an. Je n'avais pas encore de chez moi, j'étais chez ma vieille tante qui nous hébergeait maman et moi le temps que je trouve un endroit pour m'installer. Ma tante frôlant les 90 ans est encore très alerte mais a la facheuse tendance à tourner en boucle, ce qui peut-être rigolo au début et rendre fou très rapidement. Allumer la télé s'imposait alors car je ne pouvais évidemment pas laisser ma mère seule avec elle. J'adore ma tante hein, c'est un chou mais l'angélisme a ses limites (...).

Donc un soir, on est tombées sur Clara Sheller. J'en avais vaguement entendu parler mais pour moi qui dit série française dit manque d'interêt total. Et puis en fait non, je suis tombée amoureuse de Paris avant même de la connaître, à travers Clara. Clara et ses petits escarpins emballés dans du papier de soie, les fins de soirées où Clara retrouve JP, La chronique à l'hebdo, Paris filmée le temps d'un été, ce temps qui change en deux minutes, un été en pull et l'instant d'après c'est la petite robe qui s'impose. Paris changeante, Paris charmante, je voulais la connaître, tout de suite, légérement et intensément. Ca allait vraiment commencer pour moi. Loin de lui, une nouvelle vie. Pas une d'adulte, non pas encore mais ce serait fort c'était sûr.

Un an plus tard, y'a des hauts et des bas (mon dieu tant de profondeur...)  mais jamais je n'ai regretté mon choix. C'est ici que je devais venir. Je n'y ai pas encore trouvé l'amour mais tant d'autres choses. Paris c'est ma chambre bordélique et moi sur le step en train de m'escrimer à pédaler plus vite pour être aussi bonne que Mélanie Doutey l'été prochain. Paris, c'est le message d'une amie qui vérifie qu'on va bien parce que c'est elle qui a reçu le mail des lamentions du début. Ce message, aussi bordélique que ma chambre, me colle un vieux sourire idiot. Parce que si vous aviez une amie comme ça, vous souririez aussi certainement en entendant ce qu'elle disait dans ce message (...). Paris, cest aussi lui bien sûr, qui se trouve et que je retrouve, ce sont nos déjeuners,toujours au même endroit, ce sont ses pâtes au chorizo et ma salade composée.Et puis c'est aussi un peu d'elle et ses plans foireux, ma presque soeur, si proche et si loin de moi, comme ça l'a toujours été, certaines choses ne changent pas.

Paris c'est les quais de seine que je crois toujours découvrir pour la première fois, Paris c'est une première terrasse au début du printemps, c'est un livre et les buttes chaumont, c'est une piscine ouverte où l'on s'agglutine pour essayer de capter un malheureux rayon entre les nuage. C'est un bar en dessous de chez moi où les serveurs me font la bise, c'est une laverie où l'on rencontre des gens pas comme les autres, c'est un canal où l'on brunchait au printemps, ce sont les soirées de mon premier été que je n'oublierai jamais. Paris c'est mon ciné-solo du samedi matin, les longues soirées d'hiver avec ma coloc à regarder six feet under avec passion.

A Paris, les chats sont parfois suicidaires et les rencontres souvent éphémères...mais si t'as pas un coeur de pierre t'es obligé de kiffer sa mère (...)

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Commentaires
L
Blog de la relance qu'elle disait...
T
tres tendre
L
Bienvenue chez toi Caro!!!!<br /> <br /> En éspérant que ça te motive pour écrire plus d'une fois par mois.
S
ouais ben merci de me souhaiter la bienvenue.
LA CONJURATION D'UNE IMBECILE
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